La sculpture d’Adriano Ciarla résume dans un message profond et complexe, l’attention pour les formes classiques autant qu’un lien fort aux formes essentielles, aux géométries compositives, au minimalisme figuratif contenant une expressivité poignante, le rappel de la culture de l’Italie du sud, les lieux de ses racines directes et de sa première formation.
Les sculptures sur bois présentent le corps comme dans un cocon immaginaire qui fixe les muscles, la sculpture sortie du bloc originaire mais encore en arrêt dans un mouvement seulement esquissé.
Le sujet est surpris par son propre mouvement, étourdi, à peine éveillé d’un long sommeil ancestral. La fierté et la témérité laissent percevoir un embarras,presque une non appartenance,un abandon, subtile ironie de l’être et de l’exister dans un espace et dans l’espace.
Les statues en bois et en marbre sont inspirées des poses renaissance, les équilibres des visages semblent souvent citer le MICHEL-ANGE du David. Il y a toujours un questionnement psychologique ,et plus amplement philosophique et social,dans les expressions absentes, parfois mélancoliques, des regards, recherche qui s’intensifie dans les terre-cuites et les marbres récents où l’on sent clairement l’expressionnisme.
Les corps parfois subissent une forte tension dont la sensation est exprimée efficacement par exemple, dans la pression qu’un des enfants du ‘gioco’ exerce sur les membres de l’autre. Souvent les bras sont repliés et presque à l’improviste, le mouvement se bloque.
Une pesanteur voulue dans la composition : la grandeur et la largeur des muscles et des visages [exception faîte des figures féminines ] qui tournent dans l’espace lentement, une grande fierté d’intension, rappellent dans ses aspects cinétiques les études de Boccioni.
Les muscles géométriques sont souvent construits en plans et superficies superposés.
Dans le ‘gioco’ en marbre ,l’atmosphère est au souvenir,les sujets sont pensifs,leur attitude fière et orgueilleuse, mais coulées dans leur méditation propres,intimes et inaccessibles,dans un recueil presque hermétique. Ils semblent être de petits ‘putti’ des grands jardins du sud,du dix-huitième siècle,un peu néo-classiques et un peu romantiques, mais qui par contraste rendent visibles la profondeur et la fatalité des recoins intimes du monde intérieur.
Les terre-cuites présentent souvent le corps plus ébauché, plus jeté, l’influence expressionniste se fait plus forte, même si le mouvement suspendu et l’élégance des compositions en rééquilibrent les tons émotifs trop accentués.