Sophie Verger
Oeuvres de l'artiste
Sophie Verger
Biographie
Née en 1953 à Paris, Sophie Verger vit et travaille en France. Formée à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, elle se consacre à la sculpture, grès et bronze, depuis une trentaine d’années. Elle est souvent classée dans les sculpteurs animaliers alors que ses créations se situent en dehors des cases préétablies.
Depuis les années 90, son travail est présenté par plusieurs galeries en France et en Europe, de manière permanente et dans le cadre d’expositions ponctuelles.
Ses sculptures sont également régulièrement exposées lors de foires internationales.
Plusieurs musées dont le Musée François Pompon ainsi que des municipalités en France (Berck sur Mer, Chantilly, Saint Brieuc, Saint Ouen l’Aumône, Sarlat, Vauréal, Villers-Cotterets , Viroflay, ) ont acquis ses œuvres qui figurent aussi dans de nombreuses collections privées aux Etats Unis, en Suisse, Allemagne, Grande Bretagne, Belgique et Pays Bas.
Quelques repères
2003 Galerie Lise Cormery Paris
2006 Musée Aquarium de Nancy
2010 Musée François Pompon
2014 Cour d’honneur de la Sorbonne
2016 Artup Lille et Rouen galerie Septentrion
2017 Musée Berck sur Mer
2017 Galeries L’Oeil du Prince Paris
2018 Galeries L’Oeil du Prince Paris et Biarritz
2020 Galeries L’Oeil du Prince Biarritz
2021 Galeries L’Oeil du Prince Biarritz
Interview
« Où trouves-tu ton inspiration ?
Le souffle créateur ? Mes parents sans grande culture artistique avaient, surtout ma mère un goût pour l’art. Il y avait au fond du jardin de ma toute petite enfance une sorte d’atelier dépôt d’un sculpteur. Je grimpais sur une pierre pour voir à travers la vitre un monde mystérieux qui me semblait vivant. Je pense que j’ai tiré de là ma fascination pour la sculpture, art magique et troublant. Je passais mes vacances en Limousin en pleine nature dans une ferme traditionnelle entourée de bois et la nature m’émerveillait. Moi qui vivais en région parisienne, j’ai découvert là les animaux « en vrai ». Sont venues ensuite les visites de musées, qui m’ont nourrie. A l’atelier je replonge dans ces émotions anciennes.
Je regarde des photos, feuillette des bouquins, dessine jusqu’à ce qu’une idée prenne forme. En fait, j’ai le sentiment que mes mains et ma tête suivent un processus qui nait de lui-même en moi-même. Intervient conjointement forcément un travail plus intellectualisé sur la forme qui doit restituer l’émotion
Sculptes-tu dans le silence ou en musique ?
En fait, les deux. Il n’y a pas de règle. Il y a des moments où l’idée vient, je me recentre et il me faut le silence. D’autres moments de flottement, d’angoisse de la page blanche où la musique peut me permettre de sauter le pas. Je peux garder en tête un air très longtemps, comme un mantra, celle de Nicola Piovani, par exemple liée aux images du film Kaos
Tu écoutes quoi ?
La liste serait longue. Je suis très sensible aux voix de femme, Morelli, Joan Baez,. J’ai un vieux disque de Teresa Stich-Randall que je remets souvent. Plutôt Chopin que rock, quoique…Un peu toujours aux aguets de choses à découvrir, sans être spécialiste !! Je hais par contre cette consommation outrancière de sons partout et tout le temps. L’écoute doit rester un moment magique.
Es-tu très ordonnée ou bordélique ?
Je lutte contre mon bordélisme originel. Raphaël, qui vient m’assister, m’aide à rendre l’atelier plus ordonné…Je continue souvent à chercher l’outil.. et c’est une perte de temps….
Gardes-tu quelques- unes de tes œuvres pour toi ou pour tes proches ?
Oui il m’arrive évidemment de donner à des très proches. Par contre, pour moi, pas vraiment J’ai laissé partir des œuvres que j’aurais aimé garder dans un premier temps, mais bon je me suis dit qu’elles allaient vivre leur vie avec leurs acquéreurs et que c’était bien. J’étais très attachée à « Ma voisine ou la femme pieuvre » qui a été achetée par le Musée de Berck que j’adore en me disant que l’univers marin était bien pour elle !! Il n’y a qu’une œuvre un peu atypique que je ne vendrai jamais, c’est une sculpture en pied de Georges Sand au fond de mon jardin, avec laquelle je m’entretiens régulièrement….
Travailles-tu sur plusieurs sculptures en même temps ?
Oui, toujours. Cela me permet de laisser reposer et de redécouvrir le travail. J’ai toujours peur de laisser partir au moulage ou en cuisson une sculpture juste terminée. Besoin de temps d’intégration de réassurance
Pourquoi es-tu allée vers la sculpture animalière ? Marre des hommes ?
Mes animaux sont très humains… Ce n’est pas le sujet en sculpture qui est important, en tout cas pour moi, mais ce que l’on en fait. Je ne me sens pas animalière car je ne cherche pas la représentation anatomique fouillée de l’animal. J’ai beaucoup travaillé sur l’anthropomorphisme en référence à l’antiquité et aux mythes.
L’avantage des animaux ce sont leurs particularités anatomiques qui élargissent le champ des formes dont je peux jouer pour susciter une émotion et leurs valeurs symboliques multiples génératrices d’idées. Je me sens matière, forme et émotion et la différence entre l’homme et l’animal est mince si l’on exclut les facultés neuronales du premier qui en font un super prédateur, mais aussi certes un artiste….
Zeus se faisait taureau ou cygne, les ours polaires se mariaient avec les jeunes filles dans les contes inuits et des louves ont élevé de petits humains. Donc soyons panthéistes….
Y’a-t-il des animaux que tu n’as pas envie de traiter ?
Je ne me suis jamais posé la question. Donc tout reste ouvert. Louise Bourgeois a bien sculpté des araignées…
As-tu des animaux à la maison ?
Oui, une chienne bâtarde très affective et une whippet très élégante. Trois chats qui sont venus s’installer aussi. Les carpes koi que mes petits enfants ont mises dans le bassin du jardin me lancent chaque matin des appels muets pour leur repas.
As-tu senti une évolution dans ton travail ?
D’abord une période classique de nus et portraits, puis un travail fleurant le surréalisme mais dont je me suis éloignée assez rapidement. En 2000, j’ai participé à une exposition « Sculptures et jardins » organisée par la ville de Lille sur le thème de l’Afrique pour laquelle j’ai créé mes premiers rhinocéros. Je n’ai plus arrêté depuis. Je me suis fixée pour le moment d’aller vers des formats plus grands. Je cherche à reprendre mes sujets en leur donnant plus de vie et de simplicité. Après, toujours en recherche de nouvelles idées. Innover dans la continuité en quelque sorte.
La sculpture est un processus long et très exigeant non seulement artistiquement mais également techniquement, quelle est l’étape que tu préfères ?
C’est vraiment l’étape de création première, la mise en place de l’idée avec la terre.
Celle que tu redoutes ?
La finition. Ne pas abîmer mon travail en voulant trop en faire et par la même en perturber la lecture.
As-tu confiance dans ta sculpture ou es-tu en doute perpétuel comme la plupart des artistes ?
J’ai toujours un regard très critique sur ma création. J’échange parfois avec des collectionneurs et suis touchée de ce qu’ils me renvoient. Cela contribue à m’aider à continuer. Je pense qu’un artiste ne peut pas ne pas douter car il est seul, sans modèle face à sa création. En fait, si Dieu avait un peu douté on ne serait peut-être pas dans ce bordel épouvantable sur terre. Je ne suis pas Dieu, et j’essaie de m’appliquer. Il y a des œuvres dont je suis sûre tout de même !
As-tu envie de t’essayer à la peinture ou restes-tu concentrée sur ton travail ?
Je peins par période mais la sculpture prend tout mon temps. Je dois assumer aussi le suivi avec les fonderies ce qui représente une partie importante de mon travail. Difficile donc de partager son temps entre les deux. Il me faudrait deux vies…
Comment te vois-tu dans 10 ans ? »
Le retour que j’ai sur mon travail actuellement me laisse espérer que tout est ouvert… Dans 10 ans forcément avec plus de rides mais avec aussi autour de moi toutes les sculptures pas encore modelées.
A moi de me surprendre….