Ttitto Aguerre

Oeuvres de l'artiste

 

Ttitto Aguerre

Biographie

Né en 1974 à Uhart Cize, en Basse Navarre, Ttitto Aguerre aurait pu être un pelotari prometteur, si une blessure ne l’avait éloigné des frontons. « Cela a contribué à laisser le champ libre à autre chose », confie-t-il. À la peinture, d’abord. Puis à la sculpture, qu’il aborde presque par accident – « en dérapage plus ou moins contrôlé », aime-t-il dire.
Initié à la menuiserie par un oncle lors de la rénovation de la ferme familiale de son épouse à Saint-Pée-sur-Nivelle, il décape « pour voir » un ancien linteau de chêne et une poutre de cheminée qu’il avait mis de côté. Dans la poutre en partie calcinée, raconte-t-il, « je vois deux têtes et deux bouches, et entre les deux comme un murmure naissant entre un homme et une femme. C’est là que le déclic se produit. Pour achever la sculpture, je la dessine. Et c’est comme une lumière qu’on allume. » Nous sommes en 2004 ; Ttitto Aguerre a 30 ans et le virus de la sculpture ne le quittera plus.

Toutefois, avant d’affronter de nouveau la matière, il dessine des centaines de croquis, bientôt regroupés en séries – « afin de donner du sens à ce que je fais », dit-il. Puis il se familiarise avec les matériaux – bois, métaux, papier, albâtre… Ce travail préparatoire dure près de cinq ans et débouche sur une explosion créatrice. 
Il faut attendre 2014 pour qu’il accepte de montrer sa production lors de trois expositions. Planifiées aussi méthodiquement que ses sculptures, ce sont les trois volets d’une exploration de la notion de limite, fil rouge de son œuvre au-delà de l’inspiration qu’il puise dans la nature, les relations humaines ou la mythologie basque. « Ces trois expositions sont une déclaration d’intention : je dis ce vers quoi je tends. »
La sculpture l’occupe de plus en plus. Il quitte son poste de chargé de mission à l’Office public de la langue basque pour travailler à mi-temps à la fabrique de meubles Alki, où il perfectionne encore son approche du bois, notamment.

Car Ttitto Aguerre est avant tout un autodidacte, qui ne se réclame d’aucune autre école que celle des artisans auprès desquels il a acquis une maîtrise intime des matériaux et des outils qu’il utilise. Mais son art, que l’on pourrait qualifier d’abstraction narrative, n’est en aucune façon un art « brut », bien au contraire. C’est un art raffiné, pensé dans les moindres détails, quelquefois des années en amont. Chaque série raconte une histoire et chaque histoire est résumée par son titre, un mot en langue basque dont la charge poétique dit tout ou presque des intentions de l’auteur.
La sculpture est en effet chez Ttitto Aguerre un exercice plus cérébral et conceptuel que physique. « À l’atelier, il y a très peu de place pour la rêverie. Il faut que tout soit prêt dans ma tête, dessiné. » Façonner la matière n’est plus alors que l’exécution d’un plan de bataille établi au millimètre près, ce qui n’empêche pas le plaisir. « Mais le plaisir est complet quand je sais ce que je fais. »

Si la langue et la culture basques nourrissent son œuvre et sa vision du monde, ne lui collez surtout pas l’étiquette de « sculpteur basque », qu’il juge réductrice et relevant d’une vision « parisienne » et mercantile. 
« Ce sont ceux qui entendent nous vendre qui utilisent cette étiquette, comme on vend du ’pâté basque’. Ça m’agace un peu. Je suis sculpteur, et c’est tout ! »

Emmanuel Jarry

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