Exposition « Secrets gardés » de Swan Scalabre du mardi 30 août au dimanche 11 septembre 2022
Swan Scalabre peint ses personnages comme elle protège un secret.
Elle travaille le visage penché sur sa toile, qui est en fait un petit morceau de bois. Cette position est à la fois celle de la femme à son ouvrage, du moine en prière, de l’écrivain devant la page blanche.
Comment ne pas relier cette attitude à celle qui procède de l’icône, les femmes qui se taisent vienne ici pour dire.
Déposées délicatement dans des boites en chêne, les peintures silencieuses nous racontent des histoires.
L’univers pictural est résolument féminin. Les dames sont aussi précieuses que des bijoux colorés.
Elles prennent place entre fleurs et nuages dans des décors en arrière-fond mélancoliques et romanesques. De larges traits de pinceaux qui évoquent un état d’âme, une mise à plat.
L’ensemble est un hommage à la confidence et permet à tout un chacun de se rencontrer aussi dans un effet de miroir
Swan SCALABRE, exposition « Confessions », Église-Haute, août 2022
« Il est des propositions que l’on ne peut refuser. Lorsque Swan Scalabre me contacte l’an passé pour me proposer son projet d’exposition, je suis d’abord touchée – avant même d’avoir vu son travail – par le lien qui la relie à l’Église-Haute. Elle me dit qu’elle a habité l’Hôtel Dieu de Banon dans les années 80, juste en dessous. Je l’imagine enfant, vêtue d’une robe à smocks, tel un personnage de ses tableaux jouant à la marelle sur le carrelage à damiers de l’église. Je vois la scène, j’entends les rires d’enfants, les voix qui résonnent, le volume du bâti décuplé par les yeux d’enfants… et les histoires qu’ils se racontent sur les marches de pierres du parvis.
Je découvre ensuite les tableaux qui me replongent dans les images d’Épinal de l’enfance, les contes de fées, les maisons de poupées, les illustrations des cahiers de poèmes.
Découvrir les œuvres de Swan Scalabre c’est un peu comme mettre la main dans un paquet de bonbons. On se délecte avec délice de chacun de ces petits formats d’huile sur bois. On devine chez elle un souci du détail, un certain perfectionnisme et même un académisme qu’elle doit tenir de son passage aux beaux-arts de Paris. Bien plus qu’une plongée dans le monde fantastique de l’enfance, c’est une réelle nostalgie qui émane de son travail. Ses personnages – exclusivement des femmes et des enfants – sont fictifs ; chez elle, pas de modèles mais des réminiscences des contes qui ont nourri sa jeunesse. À la fois petits dans leurs représentations mais puissants dans leurs postures, les héros de ses tableaux sont soumis aux éléments d’une nature violente et déchaînée, colorée et contrastée, familière et angoissante à la fois (cf la série « Tempêtes » et « Ombres Portées ». Les paysages sont omniprésents dans le cadre, des volutes aux tons pastel pour évoquer la douceur et le calme et des touches plus serrées, superpositions de couleurs vives qui donnent une force et une énergie palpable et qui renvoient les personnages à leur fragilité.
Pour ce projet imaginé tout spécialement pour l’Église-Haute et bien nommé « Confessions », l’artiste a fait le choix de présenter, 30 portraits, 30 femmes, 30 confessions de la taille d’une bible pour rendre hommage à l’édifice – bien que déconsacré – terrain de jeu de son enfance à Banon.
Issues d’une époque imaginaire mais qu’on devine un peu lointaine, les confessions représentent des femmes, comme posant devant nous, chapeautées ou chevelures exubérantes au vent, souvent très bien mises. Telles des photos d’identité, elles s’offrent à nous avec des visages peu expressifs, parfois songeuses ou le regard dans le vide. Approchez-vous, peut-être vous diront-elles à quoi elles pensent, vous feront-elles une confidence, un aveu, une confession ?
Comme les héroïnes d’Édouard Hopper, le visiteur n’aura de cesse de se demander à quoi rêvent-elles, qui sont-elles et d’où viennent-elles. Pour les rendre moins mystérieuses et leur donner une identité, la peintre les a baptisées : Jeanne, Dominique, Élisabeth, Audrey…
Étranges beautés, unicité dans la différence, il y a un peu de nous en chacune d’elle.
Ces confessions muettes, dialogues avec la majesté du lieu, font de Swan Scalabre une peintre du silence et de la solitude sacrée. »
Audrey Mévolhon, Banon Culture